mardi 31 août 2010

Pour une histoire de la chanson française.

La chanson française est une espèce fantasque. Elle va de Cadet Rousselle à Camelia Jordana, en passant par Dalida, Maurice Chevalier, Bourvil, Michel Sardou, Barbara et autres chanteurs. Au final, ce qui compte c'est la rengaine, l'aspect artistique est souvent absent. Il y a des exceptions, notables. Mais l'histoire de la chanson française serait d'un ennui, surtout en s'approchant de notre époque, où les voix s'éteignent, se voilent, s'enrhument, se dévocalisent. Un processus de paupérisation, où la chanson devient chansonnette et après tout, je crois bien, sauf notables exceptions, que le destin de la chanson française n'est d'être  que cela de la chansonnette, c'est enfin évident aujourd'hui.

lundi 30 août 2010

Du christianisme et de la vraie religion.

Lacan titre une de ses interventions, en Belgique, je crois, La vraie Religion, en parlant du christianisme. Le titre est à double sens, c'est Lacan ! Il s'agit, ne nous y trompons pas, d'une critique psychanalytique de la religion. Le christianisme serait donc le vrai du religieux en tant qu'il peut et doit être critiqué par la théorie psychanalytique.
On peut se demander, si Lacan avait bien compris ce qu'était le christianisme comme phénomène religieux, et on préfère la lecture de René Girard qui semble plus proche de ce qu'est le christianisme dans sa substance.
Le christianisme est à lire et envisager dans la continuité du judaïsme dont il est, pour une herméneutique chrétienne, l'accomplissement, le point d'aboutissement. Il s'agit donc d'une nouveauté inscrite dans un phénomène plus ancien. Cette nouveauté est critique. En effet, aussi bien dans les Evangiles, que dans les autres livres du Nouveau Testament, la pensée chrétienne critique la pensée juive. Aussi, le christianisme n'est pas à lire uniquement en termes de continuité, mais aussi en termes de rupture. Et c'est précisément là la nouveauté radicale. Le christianisme propose une critique radicale du religieux. Les dogmes centraux de l'Incarnation et de la Résurrection, qui lui sont spécifiques, en font une philosophie religieuse à part, dont un des ressorts est de critiquer la religion. Par l'Incarnation, il place Dieu sur le même rapport que l'homme, et par celui de la Résurrection, il pose l'opération inverse à savoir diviniser l'homme. Les repères traditionnels du religieux sont donc critiqués. On se trompe quand on veut ramener le christianisme à la "vraie religion" entendue au sens de Lacan, il serait même tout le contraire, à savoir la première tentative de sortir du religieux, du sacré pour entre dans le saint.
Une originalité supplémentaire du christianisme - et c'est son génie - est de personnaliser cette critique. Il ne s'agit pas d'une critique théorique, intellectuelle, philosophie, mais concrètement d'une personne qui incarne le renversement des valeurs, d'une personne qui signifie et réalise les opérations critiques. Le Christ est l'occasion historique de la critique, c'est lui qui par son Incarnation et par sa Résurrection opère la sortie du sacré, et pour la première fois dans l'histoire du phénomène religieux permet une attitude religieuse critique. La foi au Christ est une critique du religieux ou n'est rien, mais étant cela elle ne se dissout pas dans un préathéisme - bien qu'elle ait quelque chose à voir avec lui - précisément parce que le Christ est la pierre angulaire qui réunit en lui Dieu et l'Homme. Avec lui et avec le christianisme la question religieuse est déplacée : il ne s'agit plus d'un Dieu au ciel et d'hommes dans le monde sublunaire, mais de Divinité et Humanité réunie dans sa personne unique. L'écart fondamental entre Dieu et l'Homme, est ainsi comblé dans sa Personne.
Bien évidemment, il s'agit ici de la vision chrétienne. Mais que l'on y donne sa foi ou pas, voilà le discours chrétien, discours qui a présidé à l'avènement de nos cultures occidentales. Sans ce discours-là, nous ne serions pas les mêmes.

Mauvaises nouvelles de la chair (première publication sur FB)

A propos de Mauvaises nouvelles de la chair, Marie Rouanet, Albin Michel, 2008.

Dans ce livre, tragique et poétique à la fois, Marie Rouanet, écrivain - et pas écrivaine, c'est laid ! - du Languedoc, nous propose un état des lieux de ce qui vient - sans que nous y pensions vraiment - dans nos assiettes. Hélas, les nouvelles qu'elle nous en donne ne sont pas bonnes. Elles ne sont pas bonnes, pour quelqu'un qui a un certain souci du vivant, car pour la masse indifférente, les nouvelles ne sont ni bonnes ni mauvaises, elles sont noyées dans l'inconscience qui gouverne tant de nos actes.





"Tout est fait pour que nous soyons tranquilles, autant que les porcs à l'engrais, sans la peur qui taraude à la pensée de la présence dans toute chair du bourgeon de mort qui s'épanouira un jour.
Je regardais ces jours-ci l'image d'une ouvrière chinoise endormie au milieu des morceaux de poupées qu'elle avait la charge de monter. Quand elle mourra, quelle aura été sa vie? Et j'ose mettre, en face de cette vie de femme, celle des volailles dont elle se nourrit dont la chair garnit le sandwich qu'elle avale entre deux gestes, pour un euro la journée.
Misère sur misère, morceaux de poupées, morceaux de poulets. Lorsque l'on change à la mort, on ne peut que s'interroger sur la vie"
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On ne trouvera dans cette belle réflexion sur le manger, le vivant, l'animal et sur l'humanité, aucune invitation à devenir végétarien, aucune invitation à l'austérité de bouche. Gourmande invétérée, Marie Rouanet, invite seulement à exercer l'instance critique propre à la pensée humaine, à cesser de consommer, pour enfin se nourrir dans tous les sens du terme.


Il est un certain usage du vivant qui n'est pas éthique et pour le chrétien que je suis qui n'est pas propre au respect de la Vie. Je dois avouer que cette manière de faire, si elle ne vient pas du christianisme, le christianisme historique n'a rien fait pour qu'il en soit autrement, et ce malgré saint Paul et son application du salut à toute la création, malgré le bel exemple de François d'Assise, qui englobait dans la fraternité universelle la plus humble des créature. Mais saint Paul n'est pas écouté dans ses conséquences, et saint François est considéré comme un doux rêveur. Je crois, en ce que me concerne, que le christianisme oblige à une vision renouvelée du vivant, et à son respect absolu. On ne peut user de l'animal sans conséquences morales. On ne peut tuer l'animal comme s'il s'agissait là d'un acte banal, sans portée éthique. Et l'on regrette qu'une théologie du vivant soit si peu audible. Je parle ici bien sûr des animaux destinés à la nourriture, mais encore plus, évidemment, des autres, ceux que l'on massacre pour le luxe (ivoire, peaux, cosmétique,etc.) ceux que l'on sacrifie à la science, et ceux, victimes de la cruauté imbécile de l'homme (corrida par exemple); je parle aussi d'un certain usage du végétal, de l'eau et du minéral. Tout cela n'est pas un tout compact, indistinct, un grenier informe où il s'agirait de puiser sans fin, mais de vivants, de vie qui à la nôtre est semblable dans ses fondements. Nous vivons de leur vie à eux, notre vie est un don de la leur, il est non seulement juste que nous les respections, mais il s'agit là d'un devoir, pour l'homme que nous sommes, et pour le chrétien, un appel à étendre le salut à toute la création.

jeudi 26 août 2010

Etre et ne pas être.

Comme on le sait Descartes, dans son poêle, faisait découler l'existence de la pensée. Son "je suis" n'étant pas tant une suite logique de son "je pense" qu'une étape successive dans les préliminaires qui président à l'élaboration de sa méthode. Le "cogito" cartésien n'étant pas non plus n'importe quelle pensée, mais une pensée déjà toute tremblotante du doute, traversée de part en part par lui, et paradoxalement, pour un instant, du moins, assurée par ce même doute. Un instant, l'instant suffisant pour délivrer son "ergo sum", comme dans un souffle, presque, avant l'apparition du malin génie, qui pourrait tout remettre en cause.
Cogito ergo sum, traduit en français par "Je pense donc je suis", traduction qui écrase tout le ressort métaphysique de la maxime. Entre le "je pense" et le "je suis" il se trouve ce "donc" qui pose problème, qui raccourci les rapports, qui dénature presque les deux propositions. Toutefois, il y a bien un lien entre "penser" et "être", et chez le philosophe de la méthode, l'être suit le penser. On a beaucoup glosé sur la question, je ne vais pas ajouter des lignes inutiles aux commentaires déjà pléthoriques, mais voici que nous étions à Lisbonne, et que dans la nuit surgit soudain, quelque chose qui ressemblait à l'inversion de la maxime cartésienne : je pense mais je n'existe pas. Seulement voilà, être et exister ce n'est pas la même chose exactement, car si pour exister il faut être, être n'entraîne pas forcément l'existence. De plus, la maxime lisbonnine faisait une lecture trop logique de la cartésienne, même en l'inversant.  N'empêche, dans la nuit, apparut en lettres noires, ce je pense mais je n'existe pas, qui par son absurdité était, de ce côté-là, du moins, l'antithèse de la philosophie méthodique de Descartes. Je pense mais je n'existe pas. Qui pourrait soutenir cela? Comment penser sans exister, et comment dire tout simplement "je" sans d'abord exister. A la limite, Dieu seul pourrait dans son être subsistant, et simplement pur, dire cela "Je pense mais je n'existe pas", puisque nous savons depuis Maître Eckhart que Dieu n'existe pas, et pourtant Eckhart, était dominicain, prêtre, grand croyant et mystique indubitablement, ayant la foi autant que la raison. Voilà, donc dans la nuit de Lisbonne, que Dieu parle sur les murs, pour nous asséner "Je pense mais je n'existe pas". Si on tient que seul un Absolu peut dire cela, et que pour nous ça serait là pure folie, si l'on soutient que l'absurdité de cette phrase disparait si seul un Esprit Absolu la prononce, alors le comique de l'inscription disparaît. Et la main, maligne, qui traça les lettres se trouva être l'instrument d'une Pensée qu'elle même ignorait. Tel est pris qui croyait prendre. Et Dieu rit sans doute.

mercredi 25 août 2010

Après un voyage au Portugal. Le texte original et la traduction

Acabo de regressar de Portugal. E, mais que nunca, surge algumas preguntas. Nesse ano de 2010 comemor-se-hão a instouração da republica na data do 5 de Otoubro de 1910. Desde então Portugal escreveu a sua historia sobre a bandeira vermelha e verde, mas sempre com as antigas e venerais armas, as tais quinas que desde o principio da nação presidiram o destino do pais.



Je reviens du Portugal. Et, plus que jamais, surgissent quelques questions. Cette année, 2010, on commémorera l'instauration de la république le 5 octobre 1910. Depuis le Portugal  a écrit son histoire sous le drapeau rouge et vert, mais toujours avec les antiques et vénérables armes, les fameuses "quines" qui, dès les principes de la nation, présidèrent au destin du pays.

Nas que tipo de republica Portugal é nesses tempos? Quais foram os beneficios da mudança de tipo de governo para o pais? Penso eu que foi pouca o nada. Porque se a republica foi instourada no 5 de Outoubro de 1910, so muitos anos mais tarde começou a ser uma realidade efectiva e logo chegou o Estado Novo que durante anos mateve - sobre o regime republicano- un tipo de governo que nem na monarquia liberal se conhecia. Assim a democratia para nos é algo de novo; e podemos considerar que republica e democratia não são noções sinominas.

Mais quelle république est le Portugal aujourd'hui? Quels furent les bénéfices du changement d'un type de gouvernement pour un autre? Peu ou rien. Car, si la république, fut instaurée le 5 octobre 1910, ce ne fut que  de nombreuses années plus tard qu'elle commença a être une réalité effective, et aussitôt arriva l'Etat Nouveau qui, durant de nombreuses années, maintint, sous un régime républicain, un type de gouvernement que pas même la monarchie libérale ne laissa connaitre. Ainsi la démocratie pour nous, est quelque chose de neuf, et nous pouvons considérer que "démocratie" et "république" ne sont pas des notions synonymes.

O poder politico surge do povo, melhor do povo como nação, mas essa verdade não impede, pelo contrario, uma monarquia. Pessoalement, prefiro esse tipo de governo, estando evidente que a monarquia, hoje, não tem mas nada de um poder absoluto.

Le pouvoir politique vient du peuple, ou mieux du peuple rassemblé en nation, mais cette vérité n'empêche pas, au contraire, une monarchie. Personnellement, je préfère ce type de gouvernement, étant évident que la monarchie, aujourd'hui, n'aura plus rien d'un pouvoir absolu.


Somos sonhedores, somos adormecidos. Um vento frio soprou sobre nos, um vento vindo do mar, de longe, de além do horizonte. A séculos que o beijo frio da Historia nos beijou, fazendo-nos cair num sono profundo e cheio de sonhos. Porque somos, mais que nenhuma outra nação europeia, ligados ao nosso passado, as nossas antigas glorias, as rotas, as velas, as cruzes encarnadas, as terras encobertas, os caminhos maritimos, que constituem o nosso patrimonio cultural e, por o melhor e o pior, fazem parte do nosso inconsciente colectivo? Porque temos de sempre voltar a essas coisas, como alguem que sempre esta a ver as velhas fotografia num velho album? Porque havemos sempre de ter saudades da epopeia antiga como so nela existiamos, como se so com ela somos algo de grande; como so elas nos dessem um direito à existir como nação?

Nous sommes des rêveurs, nous sommes endormis. Un vent froid sur nous a soufflé, un vent venu de la mer, de loin, d'au-delà l'horizon. Il y a des siècles que le baiser froid de l'histoire nous baisa, nous faisant tomber dans une sommeil profond et rempli de rêves. Pourquoi sommes-nous, plus qu'aucune autre nation européenne liés à notre passé, à nos gloires anciennes, aux routes, aux voiles, aux croix vermeilles, aux terres cachées, aux chemins maritimes, qui constituent notre patrimoine culturel, et, pour le meilleur et pour le pire,  font partie de notre inconscient collectif? Pourquoi devons-nous toujours revenir à toutes ses choses-là, comme quelqu'un qui regarde sans cesse les vieilles photos d'un vieil album? Pourquoi cette nostalgie de l'épopée ancienne comme si seulement en elle nous existions, comme si seulement avec elle nous serions quelque chose de grand, comme si elle seulement nous donnait un droit à exister comme nation?

Essa maneira de viver o nosso passado, condiciona a maneira de viver o presente e de considerar o futuro. Temos de arcadar as caravelas, as velas, meter o mar em garafas, digerir as esferas armilares, e estar sobre as cruzes vermelhas, é a melhor forma para não as ver. Temos de ultrapassar essas rotas maritimas, dar um pulo que nos projecta nos tempos remotos do prinicpio da naçao : voltar a pureza das Quinas.
Com elas eramos sos, como elas tinhamos todo o futuro possivel, como elas podiamos ser nos como queriamos, com o imperio, com as esferas do rei Manuel, a nossa existencia foi ligada aos outros, ao confronto com os outros, a rivalidade, ao mimetismo morbido, logo que começamos à virar os olhos para os outros, começou ao nosso sono. Desde então Portugal vive domindo, sonhado e escrevendo a sua historia em mitos, cantigas e muitas lagrimas.

Cette manière de vivre notre passé, conditionne la manière de vivre notre présent et de considérer le futur. Nous avons à mettre un terme aux caravelles, aux voiles, à mettre la mer en bouteille, digérer les sphères armillaires, et être sur les croix vermeilles, est la meilleur manière pour ne plus les voir. Nous avons à dépasser les routes maritimes, faire un saut qui nous projette aux temps augustes du début de la nation : à revenir à la pureté des "quines". Avec elles  nous étions seuls, avec elles nous avions tout le futur possible, avec elles nous pouvions être nous-mêmes comme nous le voulions; avec l'empire, avec les sphères du Roi Manuel, notre existence fut liée aux autres, à la rivalité, au mimétisme morbide, dès que nous commençâmes à tourner les yeux vers le autres, commença notre rêve. Dès lors le Portugal vit dormant, rêvant et écrivant son histoire en mythes, chansons, et beaucoup de larmes.

Chega com isso.
 
Que l'on arrête avec ça !

De l'excommunication comme agitateur moderne

 (Publié pour la première fois sur FB)

Cela faisait bien longtemps que l'on ne c'était plus passionné pour des questions d'excommunication. Et si l'on se souvenait encore de cet acte du pouvoir de coercition dont dispose l'Eglise, l'on pouvait croire qu'il était définitivement relégué au moyen-âge, époque que l'on sait enveloppée aux brumes éternelles et ignorantes; l'on pouvait croire que les lumières de la modernité avait renvoyé le concept d'excommunication au musée des babioles à faire peur. Et pourtant, voilà qu'aujourd'hui, à l'heure du MP3, l'opinion s'agite pour cette réminiscence médiévale. Là, où naguère on critiquait son emploi punitif, aujourd'hui, les mêmes, critiquent son non maintient. Contradiction du monde et de son manège !
Il est fort à parier que les journalistes qui poussent des cris d'orfraies -à leur fâcheuse habitude- sachent de quoi ils parlent. Plus encore, il faut se persuader que l'on se fout bien de l'excommunication comme telle, ce qui pose problème c'est le symbole. Ce n'est pas tant le signifiant que le signifié qui pose problème pour l'opinion.

Cependant, le peuple de Dieu, catholique d'abord - au titre de premier intéressé, tout de même - peut, à bon droit, se demander s'il était tout à fait opportun de lever l'excommunication qui frappait les évêques consacrés par feu Mgr Lefèbvre ? Nous sommes en droit de nous le demander, non pas que nous mettions en cause a priori le jugement du Pape, qui par goût, par conviction et conseillé, à cru comme étant de sa mission de prendre cette décision.



Mgr Lefèbvre au temps de sa gloire


Nous nous le demandons eu égard à la bonne foi des récipiendaires, d'une part, et eu égard aux modalités que cette levée a prise, d'autre part. Ces dernières regardant strictement l'Eglise Catholique, je n'en dirai rien ici. Mais qu'il nous soit permis de douter de la bonne volonté des concernés. Ceux qui ont fréquenté ces milieux savent bien qu'on n'a pas peur d'une nouvelle embrouille, d'une byzantinerie supplémentaire et d'une tartuferie cousue de fils d'or : pour la plus grande gloire de Dieu, cela va sans dire.
Tout ce petit monde ne forment pas une unité compacte aux contours bien délimités : l'intégrisme - à proprement parlé, il n'y a d' 'intégrisme" que catholique, les autres formes dans les autres religions sont plus du fondamentalisme - est une nébuleuse qui comprend des gens attachés à des formes esthétiques et rhétoriques - peut-être dépassées, là n'est pas la question- qui d'une certaine façon peuvent se défendre, mais aussi des gens aux idées plus que critiquables, fanatiques, qui jamais n'accepterons Vatican II, ni le ministère du Pape, ni l'évolution de l'Eglise (la petite grand-mère attachée viscéralement à l'antique liturgie quand à elle a fait long feu, elle est allé voir cela de plus haut). Ces derniers sont et demeurent hors de la communion véritable de l'Eglise sans qu'il soit nécessaire de fulminée l'excommunication.

Le cas de Monseigneur Richardson est plus patent encore. Non content de représenter une théologie qui n'a plus d'enracinement réel dans notre temps, il tient des propos provocants, scandaleux et arrogants, indignes d'un disciple du Christ.
Quand bien même les chambres à gaz n'auraient pas existé, quand bien même le nombre de juifs tués serait moindre, il suffit que le nazisme ait bien existé lui, que Mein Kampf ait bien été écrit, que les vexations et les ghettos aient été réels eux, qu'il y a bien eu un antijudaïsme de nombreuses fois exprimé avant même d'en arriver aux camps. Il ne faut pas nécessairement atteindre le sommet de l'horreur et des milliers de morts pour être définitivement scandalisé. Un seul homme qui meurt et cette l'humanité toute entière qui meurt, un seul homme qui tue et c'est l'humanité toute entière qui s'en trouve salie. La haine - quelle que soient les formes qu'elle ait prise - la haine politique, inique et cynique du nazisme à bien eu lieu ! Non seulement dans les camps, mais aussi en dehors comme par exemple en Ukraine.
Que je sache, le Christ lui-même, dont Mgr. se déclare le disciple et le prêtre, était juif pratiquant, circoncis, et donc virtuellement porteur de l'étoile jaune; le Christ et sa Mère et tous les autres, Pierre, Paul, Jean.... Haïr le juif - le négationnisme en est une forme subtile, qui ajoute à la haine l'hypocrisie- c'est haïr le Christ. On ne peut être disciple du Christ, sans embrasser le Christ total, judéité comprise.

De la cuisse ! C'est ça l'histoire !

De la cuisse voilà toute l'histoire!


Ceux qui ont été des cancres en histoire ou qui n'ont jamais aimé ça, et qui comptent sur la télé pour se faire une idée précise des événements touchant aux fastes du continent, en auront pour leurs frais.
Canal Plus proposait il y a peu la série "Les Tudors", une saga "baroque", digne de Walt Disney. Certes il y a des couleurs et ça bouge, il y a des décors, il y a des beaux jeunes gens( sans doute le seul intérêt de la production) il y a de la cuisses, voire de la  fesse, et de la dodue encore bien, des intrigues et des trahisons... Et, après tout, Henry VIII, c'était surtout une affaire de fesse.
Mais il y a surtout une légèreté avec l'histoire, des imprécisions, des téléscopages, des erreurs et des inventions pures et simples : ainsi de ce pathétique mariage entre Margaret et le roi du Portugal (lequel d'ailleurs?) qu'elle tue. Pourtant Margaret n'a jamais quitté l'Angleterre. A l'époque d'Henri VIII, Saint-Pierre n'était pas achevé, pourtant cela n'empêche pas le réalisateur de nous montrer la basilique dans toute sa splendeur.
Et que dire, des modes ecclésiastiques - mais cela c'est une habitude dans toutes les productions du cinéma- ? Il semble qu'il n'y aurait aucun conseiller en matière religieuse dans ces séries et films, personne pour dire qu'au XVIe siècle on ne mettait pas ce genre de vêtements, que telle coupe est du XIXeme etc... Et c'est comme ça que l'on voit un Cardinal d'Angleterre se promener en soutane blanche!!! Et tout à l'avenant.
Si vous aimez Walt Disney, la pâtisserie, les livres Harlequins, les décors en carton-pâte, les dadames avec de beaux bijoux et les messieurs glabres et bien bâtis, alors "Les Tudors" c'est pour vous. Sinon, allez vous promener le long d'une rivière où faire les soldes vous occuperez mieux votre temps.

Je viens de terminer ce qu'il est convenu d'appeler une "saison", la première de la série "The Tudors". Je maintiens la critique faite il y a peu. Pour ceux qui ont vu ou verront ce feuilleton - ah le mot désuet que voilà ! - je tiens à préciser quelques petites choses.
La romance est source de manipulation des faits historiques. Revenons, sur le supposé mariage de la sœur ainée d'Henri VIII avec un certain roi de Portugal, vieux, perclus d'arthrose et vicieux. Ce mariage est une invention pure et simple. En réalité, il s'agit de Marie l'autre sœur d'Henry qui se marie avec Louis XII roi de France, mort à un âge avancé et encore très vert; verdeur qui accéléra certainement son trépas. La pauvre Marie deviendra la Reine Blanche et tombera amoureuse de Brandon, duc de Norfolk avec qui elle se mariera par deux fois. Non seulement la "série" ne fait pas justice à l'histoire, mais donne de la cours de Lisbonne une vision répugnante, sale et, disons le mot, arriérée. Pourquoi avoir choisi le Portugal? Je ne sais : pour son exotisme? ou par vengeance, après l'affaire de la petite Maggy? Je ne sais, je cherche à comprendre.



J'ai déjà signalé la fantaisie manifeste dans le traitement des costumes ecclésiastiques, fantaisie commune à toutes des productions cinématographiques (hier encore lors de la retransmission du téléfilm consacré à Badinter, on y voyait un prêtre avec soutane, rabat et calotte s'il vous plaît!, et cela en 1972!!. Je doute fort qu'en cette année là en pleine tourmente cléricale, on s'habillait encore comme au XIXe. Passons) On y voit des cardinaux en soutane blanche, des prêtres vêtus de chasubles à la mode du XVIIIe et XIXe et simplement pour aller faire un tour dans la campagne ! On y voit un légat ne sachant pas porter la barrette du bon côté, on y voit des mitres peu probables à cette époque.
Pendant le procès on voit un des gardes - anglais donc- porter une livrée aux armes d'Espagne. J'avoue que là je ne comprends pas. Que faisait ce garde en livrées espagnoles en plein procès?
Autre détails, chez Anne de Boleyn l'on trouve des tapisseries XVIIIe eh oui. Mais enfin, tout fait décor, tout fini par briller, et tout fini par faire illusion. Ce qui compte après tout c'est le spectacle, avec un vernis d'époque...
Reste qu'il y aurait encore beaucoup à dire sur la figure de Thomas More, ami d'Erasme, grand humaniste et serviteur du Roi autant que de la foi catholique.

Au final, je reconnais un autre mérite à ce drame de cuisses et de fesses: la psychologie d'Henry VIII y est traitée avec une certaine profondeur. Une relative profondeur. Le pire avec tout cela c'est que beaucoup de téléspectateurs  révisent l'histoire avec ce genre de bêtises, et la force de l'image est telle qu'elle finit pas faire loi.

mardi 24 août 2010

L'Eloge d'un humaniste.



Ceux qui comme moi ont fréquenté l'Institut des Sœurs de Notre-Dame, à Anderlecht-lez-Bruxelles, comme on disait jadis, ont connu d'Erasme, ou plutôt son fantôme. Fantôme qui possède sur la dite localité, une maison, une station de métro et - mazette!- un hôpital; tous les fantômes ne sont pas aussi riches. Cette figure méconnue, voire inconnue, ne l'est pas tant pour les petits Bruxellois, et moins encore pour les habitants de la commune qui a vu le séjour de l'humaniste chez son ami,  chanoine du chapitre de la collégiale Saint Guidon.


Après avoir parlé des Tudors, et du mauvais sort qu'il leur ont été fait par la télévision, j'avais envie de rester dans cette époque passionnante où l'on était capable d'un coup d'état pour un divorce, de passions théologiques, et d'autres passe-temps tout aussi palpitants... il n'y avait pas grand chose, il est vrai pour se divertir : la chasse, les parties de jambes en l'air, les tournois et la guerre : quelle époque!
Je voulais lire la biographie du bon Erasme. Sans avoir cherché , je n'ai rien trouvé de mieux
que le petit livre de Stefan Zweig. Décidément, je n'aime ni Zweig, ni Hesse, ni Mann, bref je n'aime pas cette veine de littérature germanique, héritière pauvre du romantisme finissant. Un style ampoulé, lyrico-pathétique, une petite tonalité apologétique, tout pour rendre l'opuscule indigeste. Mais reste que l'on peut le voir autrement.
Zweig dresse ici le tombeau de celui que j'allais un peu vite appeler "Saint" Erasme. Vu par ce bout là, voilà que l'oeuvre devient plus agréable à lire. On y apprend peu de chose, il est vrai, mais peu importe, voilà un hommage posthume au Prince des Humanistes qui donne envie de le fréquenter un peu plus.

J'irai, la prochaine fois que je retournerai à Bruxelles, reprendre contact avec l'homme, dans sa maison
en attendant je me contente du site. http://www.erasmushouse.museum/Public/

Terminons par cet adage érasmien que je m'applique : CIVIS MUNDI SUM COMMUNIS OMNIUM VEL PEREGRINUS MAGIS

lundi 16 août 2010

Inauguration

Il faudrait se promettre dans le secret de son cœur de dire toujours ce que l'on pense vraiment. Ce ne sera pas toujours la vérité -celle-ci n'étant pas la sincérité, et qu'il y a de l'une à l'autre parfois autant de distance que du jour à la nuit - mais, si ce n'est pas toujours la vérité, au moins cela sera la nôtre, toute relative, toute finie, toute subjective, imprégnée des vues parcellaires qui sont les nôtres. Mais plutôt que de jouer double jeu, de miser sur ce tableau et cet autre encore, dire ce que l'on pense a la vertu de nous faire correspondre avec soi. C'est toujours cela de gagné.

Il faudrait plus encore se promettre de faire la vérité. Si la dire est une gageure, la faire relève de l'héroïsme parfois. Qu'est-ce que faire la vérité? Si l'agir suit l'être, comme on peut le penser, faire la vérité, est la conséquence d'être dans la vérité. La question est dés lors qu'est-ce qu'être dans la vérité? Si pour l'Esprit Absolu, faire et être sont une seule et même chose, pour les esprits finis que nous sommes, il faut nécessairement que "faire" et "être" soient différents. Nous sommes,d'une part, et nous faisons, d'autre part. Nous sommes ceci et nous faisons cela, parfois contradictoirement d'ailleurs.

Être dans la vérité? En définitive, cela ne peut qu'être une tension. C'est être dans l'intention d'être dans le vrai. C'est être tendu vers le Vrai. Un Vrai qui est le Beau, et le Bien, un Vrai qui est nécessairement Un. Être dans la vérité, c'est donc un dynamisme qui tend à me réunifier, à faire que les duplicités soient expulsées. Être dans la vérité, ce n'est donc pas une posture immuable mais un mouvement fondamental qui nous ordonne, nous commande, de chasser de notre cœur la duplicité mensongère et de commencer par être vrais vis à vis de nous-même. Être ainsi dans la vérité, c'est la faire. Puisque être correspond ici à une action précise, à un mouvement intérieur, à un agir.

Toute vérité n'est pas toujours bonne à dire, mais elle ne doit pas être tue par la crainte de ce que l'on pensera de nous, où celle de perdre des amis. Les amis que l'on perd, aussi aisément, ne l'étaient pas vraiment, après tout. Non, toute vérité n'est pas bonne à dire. Mais toute vérité doit être dite à un moment ou un autre, dans sa complexité, avec ses nuances, dans sa clarté aussi.

Alors voici, tandis que tourne l'orbe, tandis que va le monde, dans sa folie et son mensonge constitutifs, la vérité demeure plantée comme un arbre austère, ses branches couvrant l'horizon d'un point à un autre. J'essayerai à l'ombre de cet arbre-là, le plus simple, qui ait été jamais planté, le plus vivifiant aussi, de faire la vérité, et d'être, pour commencer, sincère avec moi-même.