vendredi 17 septembre 2010

La critique comme spécificité occidentale


L'utilisation des mots "culture" et "civilisation" doit être soumise, ci-après, à une critique stricte et devrait, pour être efficace, être redéfinie. Faute d'en avoir le temps, ils seront utilisés dans une acception qui va de soi et qui ne suppose aucunement des idées préconçues de supériorité ou d'excellence.

La culture occidentale donc, est la seule à être à la fois "conquérante", ou expansive, et critique d'elle-même. Conquérante, elle l'est avec, par exemple, la civilisation chinoise ou avec la civilisation issue de l'islam. Mais auto-critique, il semble bien qu'elle soit la seule à l'être. De fait aucune civilisation, aucune culture sur le globe, n'exerce avec une permanence et une acuité aussi manifeste la critique de ce qu'elle est. A vrai dire, cette habitude est devenue une position intellectuelle sensée donner à celui qui la prend, la probité, la légitimité et la crédibilité : il est intellectuellement correct de dénigrer et de diaboliser notre culture, boîte de Pandore du globe, source nocive de toutes les perversions  religieuses, économiques, politiques et sociales.

Si une critique, saine, est toujours souhaitable, et si, de fait, la critique est une des caractéristiques de notre culture occidentale, s'est-on déjà posé la question de savoir pourquoi plus qu'aucune autre notre civilisation est capable de critique? Pourquoi sommes-nous aussi sensibles au statut de la victime ( ce qui est une conséquence de notre penchant pour la critique, et l'auto-critique)? Pourquoi oscillons-nous toujours entre orgueil et mépris de nous-mêmes? Pourquoi lorsque l'on parle de "globalisation", celle-ci ne peut être en fait analysée qu'en termes d'occidentalisation, pour le pire et le meilleur, avec tout ce qui l'accompagne, et, notamment, une sensibilisation au statut de victime? Pourquoi seule notre civilisation à été capable des "Lumières", c'est-à-dire d'assumer sans scrupules la position critique qui déjà nous hantait depuis des siècles? "Lumières" au mon desquelles nous nous critiquons dans notre rapport aux autres, qui nous conduisent sur les chemins modernes des droits de l'homme, de l'égalité de tout être humain, de la tolérance totale, alors qu'ailleurs, aujourd'hui même, ses mêmes valeurs ne sont mêmes pas discutées, et tenues pour indiscutables. Nous réclamons pour tous la tolérance même pour ceux qui ne nous tolérent pas. Pourquoi? Pourquoi donc nous trouvons-nous dans cette position paradoxale ; dans ce dénigrement constant de ce que nous sommes et dans la défense constante de ce que sont les autres, quand bien même, et d'autant plus, lorsqu'ils ne sont pas comme nous? Pourquoi?

René Girard et d'autres, à sa suite, ont répondu à toutes ses questions, et étrangemment leurs voix n'est pas audibles. La position béate et flagellante reste majoritaire : nous sommes les méchants occidentaux et les autres, s'ils ne sont pas gentils, sont du moins innocents. Nous demeurons dans cet "autoracisme", cette xénophobie inversée pour ne pas être, précisément, xénophobes. Une haine de soi, une haine des sources et des origines, bref une position proche d'une psychose de l'esprit.

Un dialogue entre les cultures ne saurait avoir lieu dans un tel contexte : s'ouvrir à l'autre demande que l'on s'ouvre d'abord à soi.

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