jeudi 30 septembre 2010

Paru dans la Libre Belgique, ce billet, que je commente.




Est-ce à l’Eglise à revoir sa copie en matière de sexualité ou à nous, à la (re)découvrir ? Acceptez une voix féminine et controversée sur la misère affective et sexuelle de tant de nos contemporains dans une société du “jouir” à tout prix. Une opinion de Véronique Hargot-Deltenre
 
"Ils en ont tout dit. Ils ? Les docteurs et professeurs, libre-penseurs laïcs et chrétiens, appellent en chœur l’Eglise à revoir sa copie en matière de sexualité. Des évêques même viennent semer le trouble. La cruelle actualité récente venant conforter leur malaise ou opinion. Permettez une autre approche, plus féminine.

"L’Eglise fait peser sur tous une morale sexuelle désuète, culpabilisante voire criminelle. De quoi se mêle-t-elle ? Qu’elle revoie sa copie et se mette au parfum du jour". Au parfum du jour? Si heureux que ça les couples aujourd’hui? Vraiment libérés? Point besoin de rappeler la misère affective et sexuelle de tant de nos contemporains, en panne de désir et plaisir, incapables de jouir sans prothèses pornographiques toujours plus hard. En cause, la morale sexuelle de l’Eglise ou la morale médicalement correcte qui l’a supplantée ? A vous de juger.

D’un côté, l’Eglise enseigne, avec Jean-Paul II, que la sexualité est "la manifestation la plus élevée de notre ressemblance à Dieu". Rien que cela ! Le corps humain avec sa sexualité est "appel à la communion des personnes", source des plus grandes joies, car à l’image d’un Dieu - "communion de personnes" - nous sommes faits. Le mariage ? Une "œuvre de sainteté jusque dans et par les œuvres de la chair". Pas en dépit ou en dehors de la sexualité, dans une quelconque évasion spirituelle : "puisque l’homme et la femme sont des êtres incarnés, cette communion des personnes inclut la dimension corporelle, donc sexuelle". Et Benoît XVI(1) d’ajouter: "L’éros est avant goût du sommet de l’existence, de la béatitude vers laquelle tend tout notre être. L’éros veut nous élever en extase vers le Divin, extase non pas dans le sens d’un moment d’ivresse, mais extase comme chemin, comme exode permanent allant du je enfermé sur lui-même vers sa libération dans le don de soi et précisément ainsi vers la découverte de soi-même, plus encore, vers la découverte de Dieu." Toute la "doctrine" de l’Eglise en ce domaine est ici résumée."

Il faudrait retrouver la citation exacte de Jean-Paul II, mais de fait l'Eglise catholique, voit dans la sexualité humaine une expression spirituelle, en tout cas lorsqu'elle libre, consentante, et ordonnées aux fins qui sont le siennes, ou que l'Eglise estime être les siennes.


"Passons en revue les principales controverses.
1L’Eglise n’a pas à "en" parler. Mais si la sexualité n’est pas une affaire de "choses" qui cherchent à jouir mais de personnes (entières, pas en morceaux) appelées à se réjouir dans une communion féconde (au sens large)? Et si la sexualité est le lieu par excellence où se dit et se donne l’amour et la vie ? Rien à dire ?"

L'expérience humaine n'a rien d'une commode, un tiroir ici, un tiroir là, mais c'est un tout. C'est du moins l'approche chrétienne, et religion de l'Incarnation, elle ne saurait méprisé un corps et la sexualité qui lui est afférente, sans entrer dans la contradiction. L'Eglise dont, et avec bon droit, peut et doit parler, et du corps et de la sexualité, ainsi que de l'éthique conséquente au premier et à la seconde. D'aucun voudrait cantonné le discours chrétien dans le pieux, le bigot, et cela fait, le ridiculiser, comme inconsistant. Cela dit la morale sexuelle de l'Eglise est plus connue par le vulgaire - où du moins lui semble-t-il - que sa morale économique et sociale. La curiosité malsaine n'est pas forcément où l'on croit.

"2Son point de vue sur la contraception est dépassé. Mais inviter les couples (qui veulent vivre un "acte conjugal" !) à réguler les naissances en accordant leur vie sexuelle au rythme de la fertilité de la femme, est-ce vraiment rétro à l’heure écolo ? C’est vrai, cela s’apprend. Mettre sa vie sexuelle en veilleuse quelques jours par mois (comme tant y sont contraints pour motifs médicaux ou professionnels) est-ce vraiment inhumain ? L’attente et le manque vont-il mettre le couple en péril ou aiguiser sa complicité et son désir ? Tellement plus épanouissant pour la femme des unions "protégées", plastifiées, abrégées ? Des méthodes à risques multiples (cfr. notices pilules) qui la falsifient (fini son cycle), inhibent sa libido et la dépriment (cfr notices)? Messieurs, pourquoi ne l’avalez-vous pas vous-même "la" pilule pourtant mise au point pour la gent masculine ? La réponse est connue: les effets secondaires (dont baisse de la libido) sont trop visibles chez vous, pas chez nous. Mesdames, préférez-vous la soumission aux impératifs masculins, médicaux, pharmaceutiques donc financiers, ou à votre propre cycle féminin? Voulez-vous être aimées en partie et sous condition ou telles que vous êtes en vérité, corps et âme ? Où est la véritable libération sexuelle?"

L'argument "écolo" est d'une pauvreté radicale. La maîtrise des naissance et une paternité et maternité responsables, ne sont pas en contradiction avec le discours de l'Eglise, elle les encourage  plutôt. Ce que l'Eglise, en matière de contrôle de naissance n'aime pas, c'est primo l'idée de contra-ception, le fait d'être contre la conception. Ensuite, le fait que cela soit du ressort exclusif de la femme, et non pas une œuvre commune. L'Eglise, comme d'habitude, propose un idéal. Nous savons tous, et Elle la première, que l'idéal n'est pas toujours la réalité. Dans les cas réels, l'Eglise se remplace jamais la conscience de chacun.


"3Sa morale est oppressante. Mais une autre morale bien plus contraignante s’est substituée à celle de l’Eglise: il "faut" faire des expériences, il "faut" se protéger du bébé et du sida, il "faut" jouir, il "faut" dépendre du médecin (la fertilité étant devenue une maladie qu’il "faut" soigner par des pilules causes de pathologies qu’il "faut" ensuite guérir), il "faut" éviter une grossesse (rimant toujours avec détresse), il "faut" se faire avorter si elle n’est pas programmée, formatée, il "faut" accoucher dans telle position (confortable pour le gynéco, pas pour nous les femmes), il "faut" donc (dans ce cas) subir une épisiotomie quitte à perdre la tonicité du périnée et affaiblir nos réponses sexuelles, il "faut" accélérer l’accouchement en introduisant dans notre intimité de la prostaglandine (à base de sperme de porc mais il ne "faut" surtout pas dire cela), il "faut" accoucher sous péridurale - avec ses risques - (et même si elle nous prive d’hormones données par la nature pour adoucir les souffrances du bébé et créer un lien avec lui) sinon, c’est de notre faute si nous souffrons."

 Rien à ajouter.

4Les prêtres devraient pouvoir se marier pour que cessent les scandales. Quel affront pour les femmes que cet appel à relancer ce débat, à l’heure où tous s’émeuvent des scandales pédophiles ! Non, chers messieurs, prêtres et évêques, nous ne voulons pas nous marier avec des personnes pédophiles ou homosexuelles ! Le mariage n’est pas un refuge ou remède pour satisfaire vos pulsions désordonnées ! De plus, comment être à la fois tout à Dieu et tout à tous, tout à sa femme et tout à ses enfants (cela fait partie aussi du mariage), tout à ses tâches sacerdotales et tout à ses tâches professionnelles (pour nourrir sa famille)? Si vous vous sentez capables de conjuguer ces défis, sachez qu’une femme ne partage pas si volontiers son mari.

 L'argument du mariage des prêtres contre la pédophilie est absurde. Si ses prêtres sont vraiment pédophile, au sens clinique, ils le resteront mêmes dans le mariage, et les marier ne ferait qu'augmenter la souffrance. Si, comme je le crois, la pédophile, chez les prêtres est liée, non pas essentiellement, mais pratiquement à une forme d'homosexualité non-assumée, parce que non dite, alors le mariage est une forfaiture. 
Cela dit, je ne suis pas d'accord avec le fait qu'on ne saurait être totalement à sa famille et totalement prêtre. Le ministère sacerdotale n'étant pas la consécration religieuse.

5 Les femmes devraient pouvoir être ordonnées. Pas besoin pour nous d’être "sacramentellement ordonnées" au Christ-prêtre (homme de communion et d’offrande), puisque nous le sommes naturellement (petit clin d’œil un tantinet féministe, quoique). Enfin, est-ce l’ordination sacramentelle qui nous garantit la sainteté et le bonheur ou l’ordination "réelle" au Christ, don continu de vie et d’amour. Et là, nous avons un plus!"

 L'ordination des femmes est un problème théologique complexe. Portée par un courant féministe, par toujours de bon aloi, la revendication est suspecte. Cela dit, il faut se poser la question ouvertement.
Tout baptisé est ordonné au Christ-Prêtre, pour faire de chaque acte de sa vie, un acte sacerdotal. A ce sacerdoce commun, participe, en raison du baptême, tout les baptisés. L'Eglise choisi quelques uns pour les ordonnés, par un sacrement spécifique, au ministère eucharistique et pastoral. Comme tout ce qui est du ressort des sacrement, nous sommes dans des raisons symbolique, dans le signe. L'Eglise estime, pour le moment, que l'efficacité du signe sacramentel dans le cas du prêtre, est réalisé en ordonnant exclusivement des baptisé masculin. Que de cette raison théologique et sacramentelle, découle une sociologie, et que cette sociologie, ait été parfois exercée au détriment des baptisés non-ordonnés, et des femmes, cela ne fait pas l'ombre d'un doute, mais ce n'est pas pour cette raison que l'argument théologie est faux. IL faudrait que plus de baptisés, homme ou femme, occupent des postes de responsabilité dans l'Eglise.


6Les divorcés remariés devraient pouvoir communier. Impossible de comprendre l’Eglise sans voir le lien étroit entre le "une seule chair" de la communion eucharistique et le "une seule chair" de la communion conjugale. La réserve demandée n’est pas à vivre comme une "sanction" mais comme une nouvelle "mission" !
La parole de l’Eglise est de fait insupportable dans une culture où il est interdit d’interdire de jouir. L’humanité est entrée en rébellion depuis l’Eden où Dieu mit une limite à son bon plaisir ("tous les arbres du jardin, sauf un"!) pour susciter le désir et permettre une communion avec autrui (non la captation ou fusion) pour un plaisir et bonheur plus grand. L’heure n’est-elle pas venue pour tous, de réconcilier sexualité et spiritualité, en distinguant ce qui est de l’ordre des (com)pulsions (involontaires) et du péché (volontaire), et en apprenant (parfois avec l’aide d’autrui) à intégrer nos pulsions toujours quelque part désordonnées, à une vie de don, quelle qu’en soit la forme?"

La question fondamentale est bien plutôt de revoir la préparation au mariage chrétien, et de jauger de la maturité psychologique des candidats. Dans le cas où la maturité psychologique ferait défaut, de ne marier, qu'en signalant à qui de droit le défaut remarqué. Dans le cas d'une demande de non reconnaissance du mariage, l'accordée généreusement, afin qu'il vie nouvelle puisse avoir lieu. Dieu, je crois, ne condamne personne à se traîner, la vie entière, un époux ou une épouse qui deviennent, pour une raison ou une autre, un vrai calvaire. Il y a divorce et divorce. Mais dans le cas d'un divorce effectif, le baptisé, oui doit s'abstenir de communier, comme dans d'autres cas. La communion n'étant ni une récompense, ni un privilège, mais le signe sacramentel d'une communion vraie et pleine. Quelqu'un en contradiction avec lui, avec l'autre, ne peut être en communion sacramentelle avec le Christ et l'Eglise. Cela dit, la communion sacramentelle n'est pas le tout de la communion, et un divorcé remarié peut être en union avec le Christ d'autre façon.



(1) Benoit XVI- Encyclique Deus est Caritas

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