mercredi 8 septembre 2010

La tartufferie politique ou tous les chemins mènent aux Roms.

Simone Weil, la philosophe, préconisait une politique sans partis. En effet, selon elle, la politique des partis, était toujours, et quels que soient les partis, partisane, et cela faussait toute la politique, qui perdait du coup toute éthique pour tomber dans une guerre idéologique. Hélas, à moins d'une dictature, on ne voit pas comment la politique pourrait se passer des partis.
A moins d'une dictature, où alors d'un renversement totale de ce que serait la politique. Mais il semble fort que ce "renversement" soit une utopie. En attendant, nous sommes bien obligés d'admettre l'existence des partis et, ce qui  lui est corrélatif, leur jeu. Puisque, cela étant, la politique n'est qu'un jeu, un jeu cynique la plus part du temps, où la morale est celle de Tartuffe, et ce sans qu'il soit nécessaire d'agité de pieuses pensées.

La tartuferie politique s'accommode de tout, et une idée humanitaire peut très bien faire l'affaire de son jeu. La règle du jeu est simple, faire croire à ce que l'on dit ou défend, à des gens qui savent que cela est faux, non pas de la fausseté contraire à la vérité, mais de la fausseté contraire à l'opinion; la vérité n'étant pas une notion politique, ni contemporaine d'ailleurs. Donc, le jeu politique consiste en ceci : faire croire à ma sincérité à des gens qui savent qu'elle n'est pas vraie. Le jeu politique déteint sur le reste des relations sociétales, toujours à la remorque de l'opinion dominante. La "doxa", pour reprendre la notion platonicienne, est ainsi aujourd'hui la règle, une "doxa" cynique, créée de toute pièce et largement investie mimétiquement, grâce aux médias. Une doxa plus une autres forment ainsi un corpus au quel nous sommes tenus d'adhérer, à défaut on passe pour un ringard, un réactionnaire, voire un facho.

En ce moment, la doxa nous oblige de défendre la cause des Roms. Cause déclarée légitime sans même que soit avancé des arguments sensés justifiant cette légitimité. Et chacun y va de son refrain humanitaire ou humaniste : d'une comparaison - critiquée par les concernés- aux rafles de juifs, à l'invitation à l'amour fraternel universel.
Bien sûr, nous sommes pour l'amour universel et fraternel, nous sommes aussi pour l'amitié des peuples, nous sommes surtout et avant tout pour la dignité de la personne humaine, partout et toujours. Voilà, selon nous, la pierre fondamentale, de toute politique, le respect de la dignité de la personne humaine, toujours et partout.
Expulser des Roms, ou tout autre population, n'est pas en soit illégitime. A moins de défendre, un monde sans frontières : une utopie; celui qui défend un monde sans frontière, commence donc par appliquer cela à lui-même et fait de son domicile un non-lieu, un lieu absolument ouvert. La notion de frontière est indispensable à la vie humaine, à condition de ne pas l'absolutiser.  Expulser, n'est pas en soit illégitime, encore faut-il que les formes de l'expulsion respectent les personnes, et soient non violentes. Recevoir chez soi l'étranger n'est pas toujours, de soi, une valeur. Ainsi quand cet étranger doit se contenter des miettes qui tombent de notre table, on peut se demander si c'est vraiment digne d'une personne humaine.
La première chose à faire serait d'améliorer les conditions de vie de n'importe quelle population là où elle est à l'origine enracinée. Ainsi pour les Roms, de transformer la population roumaine. L'émigration n'est pas toujours un bien, loin de là, surtout quand elle est économique ou sociale.
Les Roms, ou n'importe qui d'ailleurs, valent mieux que de faire les pions des politiques, de droites ou de gauches, ils valent beaucoup mieux que de servir de cheval de bataille, car quand le jeu sera fini, gagné ou perdu, il est fort à craindre que le sort des Roms, n'aura pas changé et que nous votions UMP, PS, Verts, nous serons toujours indifférents à la main tendue, agacé par le son de l'accordéon dans le métro. Messieurs, Mesdames, les nouveaux Tartuffes, songez-y.

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