mardi 7 décembre 2010

Des sorcières, et du phallus.

Au hasard d'une errance télévisuelle, comme il m'en arrive parfois, par ennui, par lassitude, ou simplement pour voir si quelque chose de la bêtise ambiante a changé dans la boîte noire, j'entends parler de sorcières au Moyen Âge, sur Arte, la chaîne qui veut du bien à votre cerveau. Les cas d'ensorcellements, de possessions, de crises démonomaniaques, de transes et convulsions, sont enfin élucidés : l'ergot du blé, ce champignon hallucinogène et redoutable est le grand responsable. Tout cela en fait n'était que démonomanie fongique si on peut dire. L'explication est nette, claire et précise, et par le même coup est démontré, une nouvelle fois, la stupidité du Moyen Âge, et de ses prêtres, toujours prompts, comme on le savait déjà, à trouver des explications métaphysiques, là où il n'y avait qu'une cause naturelle. L'ennui est que les chasses aux sorcières ont surtout eut lieu, comme n'importe quel historien sérieux le sait, aux XVIe et XVIIe siècles - le Moyen Âge à bon dos - et que l'explication par l'intoxication à l'ergot de blé, si elle est valable dans certains cas, n'est pas opérante dans tous les cas, il faudrait, quoi qu'il en soit, le démontrer. Cette explication scientifiquement simpliste ignore l'impact sociologique et symbolique des cas de possession et de la sorcellerie dans les périodes précitées. En définitive, l'ergot de blé est une espèce de rouleau compresseur qui détruisant le dia-bolique, détruit aussi le syn-bolique pour ne donner de la réalité d'une société donnée qu'une explication de fond de tube à essai, tube que l'on aura au préalable agité, comme la bouteille d'orangina, car, on le sait bien, la pulpe est dans le fond. Arte, donc, procède aussi, par agitations oranginesques, ou par impressions canadadryesques si l'on préfère : ça ressemble à de l'information, mais cela n'en est pas, ça ressemble à de l'histoire mais cela n'en est pas.

Sur une autre chaîne, TEVA je crois, on parlait de phallus. Et qu'entend-on? Le fameux refrain - qui commence à sentir mauvais - de la culture judéo-chrétienne, cette entreprise à culpabiliser, à châtrer. Une voix off, nous apprend que notre civilisation ne représente pas le phallus, contrairement à la japonaise qui en place à tous les coins de rues. Outre que les Nippons ont une chance incroyable de pouvoir contempler des phallus bouffis et bien rouge lors de leurs promenades quotidiennes, ils ont l'heur de pourvoir vouer un culte dument religieux à l'organe. Quel peuple bienheureux tout de même ! Nous faisons piètre figure avec nos vierges encapuchonnées, enfin, je dis nous, je parle des zélateurs catholiques ici. Oui, il fait bon vivre au pays du soleil levant : vous pouvez allez faire brûler votre bâtonnet d'encens devant votre phallus préféré, petit ou long, gros ou plus svelte, bouffi ou émacié, ridé ou lifté, rouge ou noir - ça me fait pensé à quelque chose, mais je ne sais plus à quoi -; on aura compris les Japonnais, mais on le savait déjà, sont total décoinços, cool, pas bégueules pour un sous et ayant les idées larges. Mais tandis que brûle l'encens devant le fétiche - car c'est de cela qu'il s'agit - l'Amérique puritaine, protestante, chrétienne donc, consomme, comme nul par ailleurs, des images pornographiques, où phallus se dressent plus que cheveux sur la tête à Samson. Paradoxal tout de même ! Mais voyez la différence, le phallus japonais est installé, rigide et rutilant, dans son jardin public à la vue de tous, symbolique, tandis que le phallus américain, réaliste, toujours relié à un corps, est consommé, honteux et en privé. La faute à qui ? hein? A la culture judéo-chrétienne, tiens ! Pas de phallus ? La faute au christianisme ! Trop de phallus? Toujours la faute au christianisme. Phallus mou? Le christianisme. Trop dur? Le christianisme encore. Décidément.



Pourtant, comme je le montrerai dans un prochain courrier - au sens de chronique - , le phallus n'est pas absent du christianisme.

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