mercredi 22 décembre 2010

L'arachnophobie est-elle un crime?

La question peut paraître incongrue, pourtant, par les temps qui courent, elle mérite d'être posée. En effet, toute phobie, aujourd'hui, s'apparente au  racisme, notion elle-même distendue à l'extrême, aussi, sans être trop absurde, on peut dire que l'arachnophobe est raciste. J'exagère à peine.

Il est toujours intéressant de revenir à la définition des mots et à une définition la plus précise possible. Phobie, par exemple, vient du grec phobos, peur, et une peur irraisonnée comme le sont d'ailleurs beaucoup de peurs. Le terme de "phobie", a dans notre langage une connotation psychologique voire psychiatrique. Le phobique est quelqu'un qui est le sujet d'une peur irraisonnée et qui le fait souffrir. Puisque peur il y a, il y a répulsion vive de ce qui cause la peur, celle-ci étant première par rapport à celle-là. Cependant, le langage du tout venant, du fameux homme-de-la-rue, a inversé les rapports voire a tout simplement minimisé la notion déterminante de peur, pour ne retenir que la répulsion, qui du coup n'est fondée sur rien, si ce n'est sur elle-même, elle devient une espèce de haine gratuite.
Le racisme quant à lui est un "ensemble de théories et de croyances qui établissent une hiérarchie entre les races, entre les ethnies. Plus particulièrement, il s'agit aussi d'une "doctrine politique fondée sur le droit pour une race (dite pure et supérieure) d'en dominer d'autres, et sur le devoir de soumettre les intérêts des individus à ceux de la race." Souvent ce racisme théorique est accompagné d'une hostilité et de violence réelles. Le racisme est une forme certaine de la haine. On voit donc comment phobie et racisme se rencontrent sur le terrain de la haine. Cependant, n'est pas du racisme la haine des roux, des gros, des homosexuels, des femmes, des chrétiens, des musulmans, des enfants, des vieillards, des manchots, de ceux qui chantent faux et des araignées. Si une phobie peut virer au racisme, toutes les phobies ne sont pas du racisme, et toutes les haines non plus.


L'arachnophobe n'est donc pas un raciste, mais un pauvre diable souffrant d'une peur panique et, en toute logique, d'une répulsion pour l'objet de sa terreur. Qu'en est-il maintenant, de l'islamophobe ? Insulte très en vogue en ce moment. Islamophobe est-il raciste? Pas forcément. Il peut l'être, mais ne l'est pas conséquemment à son islamophobie. Islamophobie n'est donc pas un racisme, ni un des visages nécessaire de celui-ci. Islamophobie est-il de la haine? Pas forcément. Il peut l'être, mais ne l'est pas conséquemment. S'il l'est, c'est en sus. Michel Onfray est un christianophobe notoire, personne n'a jamais songé à le traiter de raciste. Il n'aime pas le christianisme pour les raisons qu'il donne, il n'aime pas disons la "philosophie" chrétienne et ce qu'elle implique, c'est son droit le plus strict, personne ne songerait à le traîner en justice pour ce fait. Et aucune association catholique n'en a eu l'idée, ce qui serait ridicule. On peut ne pas être d'accord avec Onfray, contredire ses arguments, mais il faut lui reconnaître le droit de dire ce qu'il entend vouloir dire, même si ce qu'il dit est parfaitement faux. Le régime est le même pour l'islamophobie, enfin, il devrait être le même, car il semble que cela ne soit pas le cas. On signale des musulmans priant dans la rue : islamophobie. On signale le port exagéré voile : islamophobie. On signale le fait d'avoir des horaires de piscines différents pour les hommes et les femmes : islamophobie. On signale la lente "halalisation" des cantines et de certains restaurants rapides : islamophobie. Etc. Cependant, toute ces inquiétudes sont fondées sur les exceptions faites aux coutumes et aux usages communs des pays dans lesquels nous vivons, les unes et les autres parfois acquis de haute lutte. Rien qui ressemble à de la haine là-dedans, mais bien à une peur de voir, petit à petit, s'instaurer un état d'exception pour une communauté donnée, qui, visiblement, n'est absolument pas prête à se mettre en cause, ni ne peut, le voudrait-elle.


L'islam est une des grandes religions du monde. Il a donné naissance à des cultures riches, parfois à des courants spirituels féconds - bien que presque toujours hérétiques. L'islam possède sans nul doute des richesses qui lui sont propres et qui font son génie. Mais il est de constater que ce génie-là, n'est pas forcément partagé par tous les musulmans, loin s'en faut. Qui faut-il blâmer? Les fidèles de Mahomet qui méconnaissent leur propre tradition? Les excitateurs radicaux? L'islamisme qui n'en fini plus d'être requalifié? L'islam lui même, en tant qu'épistémologie et herméneutique? Nous, qui n'arriverions pas à intégrer l'autre? Nous, dont le racisme est prégnant? Avant de répondre, il faut tant que faire ce peut savoir de quoi on parle, et ne point faire comme Monsieur Hammon, qui trouve insoutenable que des femmes et des hommes prient dans la rue. Mais aucune femme ne prie avec les hommes en islam et encore moins dans la rue. Monsieur Hammon, comme beaucoup, connaît mal le sujet.

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