samedi 4 juin 2011

A l'heure du concombre tueur ou la maladie généralisée.

La démocratie est malade. Sa maladie ne vient pas d'une bactérie qu'elle aurait contractée du dehors, non, sa maladie lui vient de ce qu'elle est. Autrement dit, à un moment ou à un autre, la démocratie ne peut pas ne pas être malade. Le moins pire des régimes, elle est aussi le plus exigeant, puisque, en théorie, le gouvernement de tous,  demanderait de tous, la vertu. Il ne suffit pas de s'indigner, et d'exporter son indignation sociale ou politique, il faut être politiquement vertueux. Mais, au moins depuis Machiavel, on sait ce que vaut la vertu en politique : une tactique, une stratégie du vice.

La démocratie seul régime possible à condition qu'elle soit éthique. Et elle ne l'est pas de soi. La démocratie n'est pas naturellement éthique ou vertueuse. Si tout le monde a son mot à dire, en raison d'un droit naturel, en raison de l'égalité de tous, il est fort à craindre que l'égalité - indiscutable en théorie - se transforme en mimétique égalitarisme, où tout le monde veut ressembler à tout le monde, tous devenant modèle pour tous. Il y a donc dans la démocratie une dynamique du regard et du désir qui conduit à une spirale vicieuse. L'argent dans un contexte comme celui-ci, en tant qu'il véhicule un symbole de pouvoir - on est puissant puisqu'on reçoit de l'argent, on est puissant puisqu'on peut le dépenser - devient l'objet à acquérir, et la renommée, qui lui est conséquente, également. Une fois tout cela acquis, célébrité financière et fricaille fameuse, on se croit au-dessus du commun des mortels, dispensé de morale. Le pire c'est que ce type d'attitude devient le modèle à tous les échelons de la société. Aussi on critique un tel qui est directeur de ceci ou cela, maire de cette ville ou de celle-là, ministre de ci ou de ça, mais ailleurs, en des postes moins prestigieux, le même phénomène se rencontre.

Nous sommes tous malades, contaminés par le mimétisme. Secrètement, nous aimerions tous, être au-dessus de la mêlée, de ce que nous appellerions la mêlée, pour respirer l'aire suffisant de la toute-puissance.
Il y a là quelque chose de régressif, alimenter par une télévision totalement folle, miroir de nos désir, super modèle, puisqu'elle les concentre tous. Ce forum médiatique est un poisson qui accélère les travers d'un régime démocratique.

La démocratie est malade. Et sa maladie est incurable, puisque la vertu est ce que l'on ne veut pas. La vertu renvoie à la mort, à une forme de mort, et partant à une autre espèce de force que celle de la toute-puissance.
Mais qui donc accepte de mourir un peu? Qui donc accepterait de vivre autrement, comme un être humain, appelé un jour à disparaître sans laisser de traces subsistantes? Pas grand monde.