samedi 26 novembre 2011

Intégrisme dans quel monde vis-tu? (publié un première fois sur FB)

L'intégrisme catholique ne fait plus parler de lui, et pourtant, sous de multiples avatars, il existe bien, répandant son poison, à la première gorgée si douce, à l'arrière goût amère. ( Il a à nouveau fait parler de lui - en devenant au passage "fondamentaliste" - lors des récentes manifestations à l'occasion d'un spectacle fort décrié.)
L'éventail de "l'intégralisme" est varié : du sedevacantisme aux instituts de vie consacrée directement inspirés des intuitions de feu Mgr Lefbevre, en passant par la Fraternité saint Pie X et, plus largement, par une sensibilité disons ultra-traditionnelle restauratrice. Oh, ces gens-là sont rarement méchants, ils ont des manies c'est tout : les dentelles, les encensoirs, la messe en latin, le rite dit de Pie V, la messe dite de toujours, les bondieuseries, le tissus au mètre, les missels bourrés d'images pieuses, et les cantiques d'autrefois. Certains, mais point tous, loin s'en faut, on aussi des idées politiques en conformité avec leur psychologie rigide, car ce qui caractérise l'intégroïde c'est bien sa psychorigidité, confondant ses sentiments, son esthétisme, sa piété, ses formes de religion, avec la Révélation, la Tradition, et la spiritualité véritable. Pour certains, la manie va plus loin encore, à les entendre, il nous semblerait que le Christ serait d'ascendance française - à moins, comme je l'ai déjà entendu, qu'il ne soit à l'origine des rois de France - qu'il voterait à droite-droite, qu'il parlerait, s'il revenait, latin, serait sans doute habillé d'une soutane, bien coupée, cela va sans dire, portant rochet et brocarts, coiffé, probablement, d'une barrette de docteur. Quel Christ est-ce là?
L'intégrisme catholique c'est un peu Disneyland pour âmes alanguies et pieuses, pour nostalgiques de formes belles - beauté toute relative - pour prêtres attachés à une autorité qu'ils aimeraient pouvoir encore exercer, et dont tout le monde se moque bien ; rapides à vous expédier en enfer, prompts à vous damner, et s'ils vous consolent parfois, c'est à coup de mièvreries, comme l'on donne à un enfant qui pleure un sucre d'orge ou de la guimauve.

Je ne jette pas l'opprobre sur le latin, ni sur le rite de la messe issu du concile de Trente, ni sur les encensoirs, ni même sur la soutane, loin de là, mais il est fort dommage que l'on prenne ce qui n'est qu'une expression relative pour l'essentiel, et que l'on arbore bannières et oriflammes pour partir en guerre contre les autres, les impurs, ceux qui ne comprennent rien, les "progressistes" de tous bords, les pas-blancs, les âmes perdues, les hérétiques... Le Christ est mort nu comme un vers, parlant araméen, l'unique parfum qui l'environnait à cette heure-là, était celui de son sang et de la sueur, l'unique douceur, le bois rugueux de la croix, les uniques chants, les insultes. Voilà le Seigneur qui est le nôtre, et je suis convaincu qu'il n'attache pas tant d'importance que cela aux brocarts et au faste des cérémonies ecclésiastiques, car passeront l'or, l'encens, passeront  les dentelles et les soieries, passeront les cristaux et les babioles des autels, mais ne passera pas la Parole Crucifiée.

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