lundi 5 décembre 2011

D'une certaine blessure homosexuelle.

De l'animal blessé, on sait comment il peut être méchant, plus méchant qu'il n'est en vérité. On sait comment, il peut mordre, comment tout d'un coup, rien ni personne n'est ami, tout est ennemi. On sait comment une blessure peut transformer tout regard en regard de colère, en regard de haine, en regard de meurtrier potentiel, au moins, oui au moins, dans son cœur.

Ah, la violence qu'une blessure peut engendrer ! Une violence en miroir, une violence en réponse à l'absurdité de la blessure. Je blesse à la mesure de ma blessure en espérant, follement, que si elle ne guérit pas, du moins qu'une certaine forme de justice soit rendue, soit patente, enfin !

Ainsi, le hasard m'a mis aujourd'hui même devant une certaine littérature émanant de personnes homosexuelles, le revendiquant et en faisant même l'essentiel de leur condition humaine. Une littérature haineuse, pleine de vitriol, pleine de violence, une violence paradoxale puisqu'elle existe pour dénoncer une autre violence. Si l'homophobie véritable est, en effet, une violence, la haine des contempteurs - souvent obsessionnels- de l'homosexualité est une violence aussi. L'écrit en question en était saturé, et parfois de manière gratuite. On peut se demander, dés lors, si la haine, ainsi bêtement étalée, n'est pas le fait d'une blessure, et si la colère ne serait pas le flot que répand une plaie ouverte.

Une certaine défense de l'homosexualité ou  plutôt d'une certaine vision du monde homosexuellement centré, manifeste, en effet, une blessure telle que cette défense en perd toute raison. Elle est devenue folle, folle de douleur. Elle s'étale dans une espèce de narcissisme hystérique, dans les cris et les hurlements désespérés comme si on attentait - si par malheur nous n'étions pas en accord avec cette vison- à l'être même de ceux qui, parfois, tout au long des mots disent leur souffrance.  Et réalité, la question est vitale, c'est bien là une question de vie ou de mort. Quand on ne peut se concevoir autrement qu'en rapport à une sexualité quelle qu'elle soit, remettre en cause celle-ci ne peut être qu'une pression là où ça fait mal.

Nous sombrons, alors, dans un des travers de notre époque : la victimisation, où la question est de savoir qui est victime de qui, qui est victime en premier, qui possèdera les droits de cette préséance, qui peut légitimement se plaindre et pâtir et qui doit, au contraire, "la fermer" pour que je puisse "l'ouvrir". Une certaine "communauté" homosexuelle se complaît dans cette position, ô combien moderne, de la victime absolue. Cette position est en général génératrice de haine fieffée, à l'instar de l'animal qui, tout entier dans sa blessure, mord et tue.

Aucun argument n'aura raison de la haine, et rien ne saura apaiser la douleur, rien. Vous aurez beau consoler, rassurer, raisonner, panser, soigner, calmer, rien ne saura restreindre la violence. Il est des blessures telles qui comptent pour des raisons de vivre, dés lors en guérir serait en quelque sorte mourir.

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