lundi 23 avril 2012

Aux urnes, citoyens

A entendre les uns et les autres, à lire  les commentaires autorisés et ceux qui n'en sont pas, l'ancien cri, bien français, "la patrie est en danger", semble mettre tout le monde d'accord. Mais les avis divergent sur le "danger" en question, voire sur la définition de "patrie". Il est certain que la "patrie" pour Mélanchon n'est probablement pas la même chose que pour Le Pen. Il est sans doute probable que l'idée de "patrie" n'est pas la même chez Hollande et chez Sarkozy. On peut même penser que "France" ne désigne pas les mêmes choses ici et là, puisque l'un la voit rouge, l'autre bleue.
Pour le "danger", il en va de même. Pour Mélanchon et ses aficionados, le danger c'est Le Pen, et Sarkozy, quand ce n'est pas l'un, c'est l'autre, l'essentiel est d'avoir un ennemi politique. Pour Marine Le Pen, le danger est extérieur. Mélanchon vise les "traîtres" de l'intérieur, Le Pen, les "ennemis" de l'extérieur. Le danger mélanchonnien c'est de ne pas pourvoir étendre la notion de "patrie", envisagée comme un paradis à l'extension quasi infinie, et pour Le Pen, qui voit la "patrie" comme un objet bien défini, de le voir disparaître tout bonnement, par vol en quelque sorte.

Pour Hollande, le danger c'est de ne pas changer, et pour Sarkozy le danger c'est autre chose que lui. Changer, pour la gauche, c'est venir après Sarkozy. La séquence suivante incarne le changement vu pas la gauche : rouge, bleu, rouge. Effectivement, le rouge vient après le bleu : il y a changement. Il faudrait plutôt parler de retour du rouge après le bleu : le changement est modéré. En effet, il semble bien que les anciens barbons socialistes soient déjà sur le retour.
Sarkozy, fidèle à lui-même, se voit toujours comme celui qui sauve la patrie d'un danger somme toute assez peu identifié : la crise.  Un danger si peu identifié qu'il fini par se trouver partout, par imprégner tout, dans ce contexte, Sarkozy se présente comme le seul homme à connaître l'inconnaissable, à savoir.



La patrie est en danger ce lundi 23 avril 2012 : on prédit une vague, des tables renversées, du changement, du combat !

Mais le danger est celui de perdre la tête dans l'hybris passionnelle, dans ce commun cri "aux loups, aux loups". Chacun voit le loup en l'autre, chacun aliment sa haine au corps de l'autre, pour un bien que plus personne ne partage vraiment. L'urne, symbole de la démocratie élective, peut être aussi réceptacle de cendres d'un "cher disparu" dont on va répandre le contenu sur une pelouse ou dans la  mer. Dans la cacophonie démocratique - puisqu'il s'agit bien, après tout, de démocratie - on risque bien, à chaque élection, d'emplir les urnes des cendres de la patrie.

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