lundi 11 juin 2012

Ou bien ou bien.

Aucune échappatoire possible, aucune autre solution.

Ou bien la vie ne porte rien qu'autre qu'elle-même, ne manifeste rien qu'une succession de faits biologiques, n'est rien d'autre qu'un agencement - subtil peut-être - de fluides;
Ou bien, elle est aussi autre chose, portant simultanément la manifestation d'autre chose. Elle ne se résorbe pas en elle-même, elle n'est pas qu'un fait ou un enchaînement complexe de faits biologiques.

Ou bien la vie, l'existence humaine donc, s'achève par la fin du fonctionnement des organes - et peu importe qu'ils soient nobles ou non, à ce niveau le cerveau vaut l'intestin -, se termine par ce qu'il est convenu d'appeler "la mort", par la cessation du biologique et le début - ce qui est encore du biologique - de la dégradation corporelle, dégradation qui le renvoie à la pure matière, à sa totale dispersion, à sa disparition enfin;
Ou bien l'existence humaine ne s'achève pas dans cet enchaînement, mais elle porte en elle, par-delà le biologique, une autre raison que la raison purement matérielle.

Ou bien l'homme n'est qu'un phénomène physio-biologique - et sa psychologie n'est que l'aboutissement d'une anthèse stérile -, une apparition éphémère, une fulgurance - peut-être spirituelle- qui illumine un temps, et puis s'éteint définitivement laissant derrière elle la plus noire des nuits, pire, aucune nuit possible, puisque la nuit serait encore quelque chose;
Ou bien l'homme, tout éphémère qu'il soit, est aussi une étincelle qui perdure par delà la nuit noire rendant compte ainsi d'une permanence de l'esprit.

Ou bien l'angoisse inhérente à toute vie d'homme - et peut-être animale - n'est rien qu'un épiphénomène sociologique ou psychologique, une crise perdue, qui tourne à vide, ne mène nul part.
Ou bien elle est le symptôme d'un au-delà, que l'on ne nomme pas, tout de suite,  Dieu ou Ciel, ni même âme, ni esprit, mais un "oultre", non pas parallèle mais permanence, une fois encore,  dans une commune apparition de la vie et son  inhabitation. Un index pointé simultanément, inexorable, vers le terme de tout parcours personnel et - probablement - communautaire et vers son "oultre".

Ou bien je suis un malade du sens et tous mes discours sont délires, fantasmes et fantasmagories;
Ou bien c'est le sens qui est malade et je me porte bien.

Ou bien le sexe n'est qu'agitation sur fond de permanence vaine de l'espèce, divertissement suprême;
Ou bien il est le point focal d'un corps qui est figure du spirituel, et donc ouvert sur autre chose qu'une simple permanence branlante de la communauté humaine. 


Ou bien l'amour n'est que confort biodégradable, étincelles cérébrales uniquement, petites distractions histoire de, trompe-ennui, trompe- la -mort inefficaces ou je ne sais quelle autre lâcheté;
Ou bien est cri, appel, urgence.

Ou bien le cri est en vain et l'on retombe dans le premier "ou bien" : confort, étincelles, lâcheté;
Ou bien le cri n'est pas vain, et alors l'amour est la figure de l ' "oultre".

Ou bien la vie est pure et absurde enstase, serpent stupide qui se mord la queue;
Ou bien elle est extase radicale, ab-solue.

Ou la mort est le terme radical et toute morale, toute éthique, sont précaires et d'une formidable relativité;
Ou bien la mort n'est pas un terme radical et un authentique dynamisme moral fondé sur la liberté est possible.

Ou bien, déjà je ne suis pas;
Ou bien, déjà je suis davantage.

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