mercredi 28 août 2013

Le monde est un anus.

Parfois, au hasard, on tombe sur de fameuses merdes. Cette fois j'en tiens une consistante.

http://next.liberation.fr/sexe/2013/08/28/chaque-homme-devrait-se-faire-penetrer-au-moins-une-fois-dans-sa-vie_927641

Pas étonnant, il s'agit du grandiose et bien-sous-tous-rapports Libération, à qui la merde ne fait pas peur, c'est même son fond de commerce : l'ordure grasse, consistante, formidable. Vous en reprendrez bien une louche ?

Dans l'entretien, que l'on vise, on veut pourfendre les stéréotypes mais on accumule les lieux communs du cul. Le monde semble pour les animateurs de ce fessetival un énorme trou du cul qu'il faut, sous peine de passer pour un pauvre ringard, évidemment perforé.
Une carrière de poinçonneur des Lillas s'offre à vous.

Si vous avez le cul en feu, n'hésitez pas Xplore vous ouvre ses portes. Si vous tremblez d'être un peu constipé, genre vierge effarouchée, Xplore vous propose des ateliers de mise en fion.
Bref, rater cet événement culturel serait dommage. 

La vache sacrée se flagelle.

Il faut faire gaffe l'islamophobie rampante progresse à vue d’œil. Elle progresse tellement cette phobie écœurante qu'elle en arrive même à masquer la progression, pas rampante du tout, de l'islamisme et des revendications communautaristes toujours plus grandes.

En réalité, on ne sait que choisir : doit-on se défendre de l'islamophobie, crime de lèse-humanité dans sa diversité culturo-religieuse, ou doit-on se prémunir de l'islamisme. Ce qui ne fait pas de doute, c'est que la première existe bien, on nous le martèle sans cesse et la France, dans le domaine phobique, est, on le sait aussi, le territoire de la profusion. En ce qui concerne le second, on peut avoir des doutes sur son existence ; puisque cela aussi on nous le répète. L'islamisme serait une licorne, l'islamophobie une réalité que l'on croise tous les jours au coin de la rue.

La Vache qui rit en est une des dernières preuves. Ses fameux cubes étaient des pièces de construction d'un mur de la haine. Ils contenaient des messages même pas subliminaux où le fana d'apéro au fromage sans goût pouvait, tandis qu'il buvait et grignotait, alimenter son islamophobie ordinaire.

http://www.glamourparis.com/snacking-du-web/articles/la-vache-qui-rit-presente-ses-excuses-apres-avoir-ete-accusee-d-islamophobie-270813/20264#.Uh2Bum1O8X0.facebook





La police des phobies veille heureusement : la Vache fît amende honorable, mis genoux à terre et s'humilia pour cet odieux comportement. Le voile un problème ? Aucun, tout va bien. La devinette est désormais "totalement inappropriée, et ne reflète en aucun cas la position de Bel et de la marque Apéricube, dont les valeurs font du respect des croyances, de la culture et des convictions de chacun un principe fondamental." Donc conclusion : les lois de la république, que l'on invoque avec colère et passion dans les cas où les Maires ne veulent pas en entendre parler, sont dans le cas d'espèce du voile une atteinte au respect des croyances. C'est bien ce que certains pensent d'ailleurs. Invoquer le principe religieux ici est interdit, l'invoquer là tout à fait valable. Invoquer le principe du respect des croyances quand il s'agit de christianisme intolérable, tandis que quand il s'agit de l'islam tout à fait recevable. C'est que la communauté islamique est une communauté persécutée, sujette à la stigmatisation permanente, à l'amalgame, à l'ostracisme, elle mérite des attentions particulières, et un grand effort commun des sauvages racistes et phobes que nous sommes. Nous sommes appelés à mettre en branle les valeurs de tolérance, de respect, d'accueil immodéré de l'autre. Il semblerait d'ailleurs que nous sommes les seuls à nous rappeler que ces valeurs existent. 
Pire nous sommes tenus de faire la fille de joie - tant pis si elle fait la gueule -c'est l'injonction tacite qui courent depuis une décennie et qui ne semble pas vouloir mourir. 

En excusant pour ce fait anodin et qui ne retranscrit que le réel, Apéricube se montre pleutre, lâche : image navrante de ce que nous devons.  

jeudi 1 août 2013

Un petit jeûne pour la route.

L'inculture religieuse est sans doute l'une des plus grandes. L'opinion estime, en effet, que si la religion est d'ordre strictement privé, relevant de l'intime, elle ne saurait aucunement être partagée ne fut ce qu'au titre de réalité qui touche à l'humain, à l'instar de l'anthropologie, de l'ethnologie ou je ne sais quelle autre science de l'homme. Puisque la religion, les religions, touchent, il lui semble, à la "pure" croyance, à la fable, à l'imagination délirante ou consolante, ne pas s'y intéresser, mais au contraire l'ignorer, serait l'attitude la plus saine, en tous cas celle qui signalerait le plus évidemment l'homme émancipé.
Très bien. Mais dés lors que cette attitude imbécile devient la norme à imiter, et les médias - toujours approximatifs à ce sujet - montrant la voie royale, il se trouve des pans entiers de l'humain qui deviennent parfaitement incompréhensibles. Ignorer le religieux comme l'une des composantes majeures de l'humanité, c'est risquer de ne rien entendre à l'humanité, justement.

Les ramadans se suivent et ne se ressemblent pas. Chaque année, il semble que le ramdam que l'on fait autour du jeûne musulman prend une ampleur nouvelle. Les pouvoirs publics, pourtant tenus à une réserve toute laïque et à un traitement égalitaire, multiplient, politiquement, les ruptures de jeûne, comme si la communauté des fidèles musulmans était devenue la seule existante. On ne voit pas trop les raisons de cette présence continue des pouvoirs publics dans ce domaine, alors qu'on ne cesse de marteler que la République est laïque, si ce n'est de faire entendre et de faire voir que la République désire vivre en bonne intelligence avec une communauté croyante de plus en plus nombreuse, de plus en plus visible, de plus en plus revendicatrice. Comme il vaut mieux prévenir que guérir, et bien que l'on se foute de l'islam comme d'une guigne, on va rompre le jeûne avec ceux qui le rompent. Chemin faisant, l'idée s'insinue dans l'opinion que le ramadan devient une affaire publique, une affaire d'état, et que, d'une manière ou d'une autre, toute la société vit, par procuration, voire réellement (ce fut mon cas dans le contexte professionnel) au rythme du jeûne mahométan.




Évidemment, il n'en est pas de même avec le carême. Celui-ci à mauvaise presse, et souvent auprès des catholiques eux-mêmes. Le carême est synonyme de pénitence, de poisson à tous les repas, de mines tristes et de faces renfrognées. Le carême, c'est pas "cool". Et ce pas "cool" est encore ancrée dans ce qu'il faut bien appeler inconscient collectif. Comment ce souvenir des macérations anciennes persiste-t-il collectivement ? D'abord parce qu'il existe encore une communauté de fidèles pour qui ce n'est pas un souvenir, mais un présent réel. Tant que l’Église existera, il existera un temps dans l'année qui précède Pâques et qui s'appelle le "carême". Ensuite, parce qu'il existe encore des membres des générations qui ont connu une pratique quadragésimale plus structurante que celle qui est la nôtre aujourd'hui. Enfin, par une transmission d'une culture dans laquelle le carême signifiait quelque chose à un niveau communautaire et  faisait partie de la structuration du temps partagé par tous.

Le carême, à la différence du ramadan, est d'institution ecclésiastique, autrement dit, il n'est pas d'institution divine. Si le ramadan correspond à une volonté divine pour la communauté qui suit Mahomet de jeûner un mois par an, le carême fut, à l'origine, instauré par l’Église, autrement dit, il émane de la communauté croyante, et d'aucune autre instance supérieure et encore moins transcendante. Puisque le carême est mis en place par la communauté croyante elle-même, sa discipline peut varier au cours des âges et, de fait elle a varié : les jours de jeûnes furent plus austères et plus nombreux, la façon de jeûner ne fut pas toujours la même.

Le jeûne musulman commence avec le lever du soleil  - il faut pouvoir distinguer un fil blanc d'un fil noir - et se termine quand celui-ci se couche. Si c'est la lune qui indique le début du mois de ramadan, c'est le soleil qui ensuite rythme la discipline du jeûne. Cette symbolique lunaire et solaire se retrouve aussi dans le carême. En effet, c'est la lune qui donne la date de Pâques et partant le début du carême, et c'est le Soleil  véritable qui sera, au terme du carême, manifesté : la vie de Dieu ( la discipline très ancienne du carême tenait, elle aussi, compte du rythme solaire pour les débuts et les fins du jeûne quotidien, mais une volonté de ne pas rester lié à des éléments naturels, en une matière spirituelle, à fait abandonner ce lien.) La dynamique chrétienne est de spiritualiser tout et de rompre avec une lecture trop naturaliste des choses. La spiritualisation ne correspond pas du tout à une volonté de relativiser, mais trouve sa source dans la foi telle que le christianisme l'envisage. Si l'homme peut, et doit, partager la vie-même de Dieu, dés lors ce qui compte c'est l'Esprit plus que la lettre, le fond plus que les formes. Les aspects formels ne sont là que pour aider à vivre en Esprit, et donc, au terme, à vivre de la vie-même de Dieu.
Pour l'islam, il n'en va pas de la même manière. Le fidèle ne peut vivre de la vie de Dieu, celui-ci ne partageant rien de lui avec personne. Il est absolument et définitivement le tout-autre, le parfaitement étranger et il ne saurait, le voudrait-il, rien communiquer de ce qui est lui. Dés lors, si une vie spirituelle existe en islam, il faudra aller la chercher dans des courants hérétiques, dans les marges, tandis que la grande masse des croyants suivra la voie formelle. Cependant, le jeûne musulman fait partie du combat spirituel. Mais qu'est-ce que le combat spirituel en islam ? C'est avancer dans la voie de Dieu : lutter contre ses passions, faire progresser l'islam en soi et à l'extérieur. Il ne sera jamais question de s'approcher de Dieu, parce que cette voie là est barrée en islam eut égard à la nature de Dieu telle qu'elle est définie dans cette religion. 
Le combat spirituel existe bien dans le christianisme, il comporte deux faces. Une première plus ascétique que l'on peut résumer par une lutte contre les passions égoïstes. Une deuxième plus mystique que l'on résumera comme la préparation à l'union de la volonté à la volonté de Dieu, et comme l'union effective transformante. L'islam orthodoxe, comme une bonne religion naturelle qu'il est, ne connaît que l'aspect ascétique. Si l'on veut chercher une mystique de l'union, ou en tout cas les prémices, il faut, une fois encore, chercher dans les courants hérétiques de l'islam. Autrement dit tout ce qui, dans la sphère islamique, tend à l'union d'amour est hérétique, alors que dans la sphère chrétienne c'est parfaitement orthodoxe. Du coup, et logiquement, le musulman estime que le chrétien est un "infidèle" hérétique qui non seulement professe l'idolâtrie ( il adore trois dieux !) mais prétend s'unir à Dieu dans l'amour ! Le chrétien considérera le musulman comme un croyant quelque peu formaliste professant une religion qui, dans les grandes lignes, est naturelle et ne réclame aucune révélation spécifique : un Dieu créateur et juste rémunérateur auquel il faut se soumettre, un point c'est tout.
Si, en dehors de l'islam, on ne saurait tenir le jeûne du ramadan pour divin, il se trouve qu'il est bien estimé tel par les musulmans. Le jeûne (saoum) est même un des piliers de l'islam. A ce titre, il a non seulement une valeur méritoire, mais crée la communauté. Par analogie avec  l'Eucharistie des chrétiens, le jeûne du ramadan soude la communauté, mais plus encore la fait advenir. Le fait que le précepte de l'observance du ramadan soit tenu comme d'origine divine, permet ensuite d'affirmer la même origine divine pour la communauté croyante. Il s'agit là d'un des traits majeurs de l'islam qui ramène toujours tout ce qu'il est, tout ce qui le compose à une origine divine, celle-ci étant affirmée ex-cathedra.

Toutes les religions connaissent, dans des conditions différentes, le jeûne. La société séculière le connait aussi que ce soit pour des raisons de conformisme social ( régimes drastiques) pour des raisons de santé et pour des raisons philosophiques. Le jeûne est donc avant tout un phénomène humain auquel on donne un sens disons, pour être large, culturel. 
Le christianisme reconnait, comme l'islam, la valeur religieuse du jeûne, cependant l'un et l'autre ne lui donnent pas le même sens. Pour le premier c'est essentiellement un événement spirituel qui, à l'heure actuelle, est laissé à l'appréciation de chacun, pour le second, il s'agit d'un événement rituel commémoratif et communautaire respectant des formes méritoires strictes. 
C'est désormais cette idée qui prévaut dans l'opinion en matière de jeûne, c'est la prévalence du formel sur le spirituel, du communautaire sur le personnel, du rite sur le sens, du signifiant sur le signifié, finalement c'est le retour de la religion formelle, affirmée de manière péremptoire. Intellectuellement, c'est faire fi de la longue et laborieuse tradition philosophique et théologique qui nous permettait à la fois, de distinguer ce qui revenait à Dieu et ce qui revenait, justement, à l'homme, et d'affirmer qu'il était possible pour ce dernier de rencontrer la vie du Premier : distinguer pour unir. Le génie du christianisme était, en partie, cela.