mardi 27 juin 2017

Des fondements de l'éthique.

On peut s'étonner de l'avis qui suit.



Il est, en effet, l'exemple le plus probant de l'éthique opportuniste. L'opportunité étant ici parée des voiles de la compassion. Or ni la compassion, ni l'opportunisme ne fondent l'éthique.
Notre société occidentale, idolâtrant les victimes, en voient partout, en suscite constamment. Une fois la victime - rarement une personne, notez bien, mais plutôt, un groupe - suscitée, on se hâte de l'entourer d'un sanctuaire de compassion qui justifiera tout les opportunisme, même les plus obscènes.
Dans le cas présent, la souffrance des personnes, à laquelle, on fait allusion, est le fruit si pas d'un acte libre, du moins d'une "orientation personnelle". Cette "orientation personnelle" n'est pas définie dans son fondement moral. Elle est posée ici comme un "pli" personnel, plus ou moins libre. Personne, en effet, n'est tenu d'actualiser les potentialités de la dite "orientation personnelle".
Ainsi donc, une femme qui selon son "orientation personnelle" serait lesbienne - remarquons qu'il y a quelques décennies, c'était ce seul fait qui était une "souffrance induite"; aujourd'hui ce dossier est réglé : la seule souffrance que l'homosexualité induit, c'est l'homophobie des tiers - fait face, si elle est en couple avec une autre femme ou non d'ailleurs, à une "infécondité" due à son lesbianisme pratique. Elle est peut-être sans "stérilité pathologique" mais son "orientation personnelle" la place devant une souffrance induite en partie par une chois de vie, en partie par quelque chose qui échappe à la liberté. Or donc, cette souffrance serait donc intolérable, affreuse, injuste ( deux femmes ne pouvant pas naturellement transmettre la vie), et à telle enseigne qu'il faut la pallier. Voilà le compassionnisme dans toute sa splendeur. Aussi, comme pour le cas de l'avortement - bien que la chose soit plus délicate - on livre aux caprices, au mal-être de uns et des autres, la vie de futurs êtres humains. On engage la vie d'innocents pour pallier à l'infécondité induite par l'orientation personnelle. Bref, on refuse la frustration du réel et l'on se déclare, sous couvert de compassion, tout puissant.
Ce qui ici est valable aujourd'hui pour les femmes, le sera demain aussi pour les hommes. L'argument compassionnel vaut dans ce cas aussi, bien sûr. Il vaut d'ailleurs dans tous les cas.
Lorsque les églises chrétiennes orthodoxes - je fais donc exception de certains courants protestants qui abondent dans l'hérésie - défendent la vie humaine de la conception à sa mort naturelle, quand elles défendent la dignité de la personne humaine et celle de la différence sexuelle, quand elles défendent la compassion sans tomber dans le compassionnisme opportuniste, elles le font depuis deux mille ans sans rien changer au fondement de leur attitude. Cette éthique là est au-dessus des modes, des chagrins, des souffrances du moments, des caprices et du désir induit lui-aussi.

vendredi 16 juin 2017

Abécédaire hérétique. Lettre K. Kénose

La kénose - littéralement "désemplisse
ment de soi"-st le terme théologique qui désigne l'abaissement du Verbe. Saint Paul déclare dans une épitre en parlant du Christ : "il s'est abaissé jusqu'à la mort et la mort de la croix".
La kénose donc se conclut pas la mort en croix et saint Paul y voit un aboutissement du "parcours" de celui qui était "dans la forme de Dieu". Le Verbe donc connait ce mouvement qui de sa divinité va à la croix en passant par l'Incarnation et ce mouvement est signifié en termes d'abaissement.
Une fois cela dit, ce mouvement a donné lieu à des multiples interprétations certaines parfaitement hérétique.
En effet en disant qu'il y a mouvement qui de l'immanence divine va jusqu'à la manifestation la plus radicale de la fragilité humaine, autrement dit la mort, on n'a pas encore tout dit. Comme toujours, il faut tenir tout ensemble et l'hérésie consiste donc à rompre l'équilibre. Ce qui faut tenir c'est : la divinité du Verbe, sa commune nature avec les deux autres personnes de la Trinité, son absolue impassibilité, son incarnation réelle, sa véritable et complète nature humaine assumée, sa vraie et authentique passion, donc son absolue passibilité, bref, il faut tenir le dogme en entier.
La kénose est l'occasion rêvée de considérations gnostiques complexe ou d'interprétations de tendance platonicienne qui voient dans l'abaissement du Verbe, tantôt une compromission avec la matière mauvaise, tantôt une pantomime sans vraies conséquences.
Qui s'abaisse ? Le Verbe ? Comment s'abaisse-t-il ? En assumant la nature humaine totalement ? Pourquoi s'abaisse-t-il ? Pour permettre le salut. La Kénose est donc rédemptrice et, comme le dit la théologie, "économique". Cette économie est capitale et c'est précisément ce qu'ignorent bien souvent toutes les hérésies à ce propos.
Si la kénose, selon l'économie, est rédemptrice, il faut postuler une kénose "créatrice". En effet, si la rédemption est une action divine "ad extra", autrement dit "extérieur" à Dieu, la création est, elle aussi, une action "ad extra". Or, pour Dieu, on ne peut envisager une quelconque action de ce type, sans postuler une "kénose". Aussi la création est la première kénose du Verbe, le premier abaissement. Si on inverse les termes, on peut considérer l'abaissement rédempteur à la lumière de la kénose créatrice. L'abaissement dés lors sera autre chose qu'une catégorie péjorative, mais deviendra, pour le Verbe, la forme d'une nouvelle création. La kénose rédemptrice, qui se conclut dans la mort du Christ, devient l'achèvement et le dépassement de la kénose créatrice. La résurrection est le gond autour duquel les deux kénoses s'articulent, selon l'économie : "afin qu'au Nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers".

samedi 10 juin 2017

Sur l'islam (2)

Puisque l'islam se déclare être la religion abrahamique enfin restituée dans sa pureté, après les corruptions juive et chrétienne, il n'évolue en rien sur la notion de sacrifice, dont on voit dans la bible toute la progression. Le système victimaire est toujours présent dans l'islam - c'est d'ailleurs une preuve anthropologique et philosophique de sa fausseté ( lorsque l'on parle de "fausseté", il ne s'agit pas seulement de déclare que le dogme musulman est faux, mais aussi qu'est aberrante - étymologiquement parlant - la vision du monde qu'il entraîne.)
Cela dit même si par contamination quelque chose du christianisme et de sa conception révolutionnaire et aboutie du "sacrifice" a pu "passer", ce quelque chose ne va pas jusqu'aux individus musulmans confessants qui, majoritairement, en reste à la fois charbonnière, presque superstitieuse, et à une religion statique pour reprendre les catégories de Bergson. 
Bergson, en effet, distingue deux sortes de religions : la statique et la dynamique. La statique est la religion des observances, du rite, des prescriptions et la dynamique est celle de l'élan mystique, de l'union à Dieu, et d'une certaine liberté. La masse musulmane donc reste plongée dans l'ignorance du système mimétique, pire, elle continue de l'exploiter.  Le terrorisme musulman en est une conséquence mais aussi le manque de condamnation vigoureuse de celui-là par les autorités musulmanes éclairées ou non. 


Le terrorisme est l'un des lieux où s'exerce le sacrifice islamique. Les rites de l'expiation lors du pèlerinage, la fête de l'aïd et enfin la mention constante au sacrifice d'Abraham - qui devient en quelque sorte la pierre angulaire de l'islam -, sont les autres lieux de réactivation du sacrifice. Reste à s'interroger sur la place de la victime. Elle est virtuelle, animale, et humaine. Autant dire, que l’éventail des victimes est large et englobe le musulman lui-même. Le sacrificateur est à la fois Dieu, son prophète et par imitation tout musulman. Aussi, l'islam est sans doute l'une des religions où le sacrifice s'exerce encore de manière puissante.  
Être en contact avec les principes chrétiens peut être l'unique bénéfice pour les populations musulmanes à émigrer, pour nous il n'y en a aucun. Être en contact et éventuellement se rallier aux principes chrétiens, et donc à abandonner le système sacrificiel et l'idée d'un Dieu bourreau. Pour ce faire, il faudrait encore que ces principes apparaissent comme spécifiquement chrétiens, ce qu'ils sont en vérité. Il faudrait donc dans les principes qui nous guident et qui fondent les sociétés occidentales réaffirmer la transcendance absolue, car si les musulmans comprennent la transcendance - religion statique - ils ignorent et méprise le laïcisme. S'il y a un bénéfice pour les musulmans à fréquenter les sociétés musulmans, il n'y en a aucune pour les chrétiens à fréquenter les sociétés musulmans. La religion chrétienne est pas essence dynamique et elle ne gagne rien à renforcer le "statisme" qu'elle possède aussi, comme n'importe quelle religion. Eu égard à l'émergence de l'individu, de la liberté, de l'amour enfin, sans même parler de la charité, nous n'avons rien, strictement rien à apprendre de l'islam, car sur ces questions-là l'islam est foncièrement en retrait.  


mercredi 7 juin 2017

Suivent ici des notes prises il y a quelques mois. 

Sur l'islam (1)

Jésus n'est qu'un prophète dans l'islam, car il est impossible d'innover dans l'islam. Aussi, cette religion se présente comme absolument non-innovante et prétend remonter directement à la foi abrahamique, l'étalon de toute foi - il n'y en a qu'une du reste - monothéiste. La foi d'Abraham, ce que l'islam prétend en connaître, est un point fixe et définitif. Il n'est sujet à aucun développement futur et exclut toute forme de pédagogie divine. Dans l'islam, la révélation est toujours immédiate et directe, elle passe, inchangée, de prophète en prophète, jusqu'à Mahomet. Les prophètes donc répètent donc toujours la même chose, sauf Mahomet qui rétablit, après sa corruption par le judaïsme et par le christianisme, la plénitude de la révélation. 
Outre le fait que cette idée d'une révélation corrompue est un type dans l'univers religieux, elle est, dans l'islam, une pétition de principe. En effet, l'idée première est la corruption de  la révélation, or Mahomet et ses disciples ne prouvent jamais qu'elle fut corrompue. L'affirmation n'a comme autorité que celle qui prétend que Mahomet reçoit ses révélations de Dieu. On tourne donc en rond. Il faudrait commencer par montrer qu'effectivement il y a corruption de la révélation. 
Or, nous n'avons, aussi bien nous que Mahomet, à notre disposition que le donné biblique. Rien en dehors de lui sur la révélation à Abraham. Ce que montre le donné biblique, c'est l'existence d'une progression dans la révélation, d'un développement et conséquemment d'une pédagogie divine. Affirmer donc que la révélation judéo-chrétienne est une révélation corrompue est arbitraire. Affirmer, par la suite, que la "foi" musulmane est la foi d'Abraham est arbitraire. Affirmer que l'islam n'est ni plus ni moins que la religion d'Abraham restaurée est arbitraire et ne repose que sur cet argument : le coran est d'origine divine et son récipiendaire est réellement un prophète. Il reste à prouver et l'un et l'autre.
Pour l'islam, donc, Jésus est uniquement un prophète. En tant que tel, il répète la révélation d'Abraham et corrige la corruption de la révélation mosaïque que les juifs, d'après l'islam, suivent. Or la réalité est plus tout autre. Le judaïsme est et mosaïque et abrahamique. Jésus, selon le christianisme, ne vient pas corriger une révélation corrompue, il s'y inscrit pleinement et la porte à son achèvement. 
Jésus prophète est cependant une figure ambigüe dans le coran. Il y connaît une conception et une naissance virginales (dogme chrétien, parfaitement compréhensible si on affirme que Jésus est Dieu) fait exceptionnel que pas même Mahomet n'a connu. Cette conception et naissance virginale sont étranges dans le cas d'un prophète - Jésus - qui n'est pas Dieu. Qu'en est-il du Père de Jésus dans le coran ? Et au final de sa nature profonde ? Un homme ? Un esprit ? Un ange ? On ne sait mais en tout cas pas Dieu. C'est ce Jésus prophète et messie - l'islam lui reconnaît ce titre en ignorant toutes les implications théologiques qu'il entraine - qui reviendra à la fin des temps ( dogme chrétien de la parousie). Le Jésus du coran est un Jésus formellement chrétien mais qui parle comme un musulman. La critique historique ne peut y voir qu'une influence du christianisme et d'un christianisme hétérodoxe avec la création d'un personnage qui ensuite justifie rétrospectivement Mahomet et sa prédication nouvelle. 
L'immigration musulmane de masse pose, outre les questions politiques, des questions religieuses, métaphysique et philosophique en faisant pénétrer dans un univers jusqu'ici régit par des principes philosophique chrétiens ou assimilés, des principes qui lui sont parfaitement étrangers. Ainsi, René Girard,  par exemple, a suffisamment montré comment et pourquoi l'individu libre, la "personne" comme dit la théologie chrétienne, naît uniquement en régime chrétien précisément, cela parce que seul le christianisme révèle et dénonce le système violent du mimétisme sacrificiel.  
Même si le christianisme orthodoxe est loin désormais de constituer un horizon pour nos sociétés occidentales, il n'en reste pas moins vrai qu'elles ont été pendant des siècles imprégnées de la dynamique chrétienne et s'en trouve - même dans ses errements - encore largement pénétrées. Évidemment, il n'en est pas du tout la même chose dans les groupes humains informés par l'islam, autrement dit dans les sociétés construites dans le cadre islamique. Commençons donc par dire que l'islam ne remet pas en cause le système mimétique. En cette matière, la révélation musulmane est une révélation incomplète. Bien plus, puisque son incomplétude s'affirme, au contraire, pleine et entière, la révélation musulmane n'est pas une révélation au sens plein du terme. Ce qui est dévoilé - c'est le sens de révélation - dans l'islam, c'est son incapacité à aller au-delà du système mimétique. Or, avec lui, il n'y a pas deux possibilités : qui ne le dévoile pas, le maintient. Nous en venons ainsi à poser la question de la violence dans l'islam.